Aiolia s’était installée à cette table car il lui avait semblé entendre des beuglements annonciateurs d’une ambiance qu’elle préférait nettement à la parade des bourgeois empêtrés dans leur dentelle. D’un geste nonchalant, elle saisit un couteau et le planta dans le morceau de viande le plus proche, qu’elle engloutit d’une traite. Le manque de manières pouvait provoquer l’indignation comme la sympathie, et si dans le premier cas elle n’aurait aucune envie de rester à cette table plus longtemps, le second pouvait l’aider à délier quelques langues. Malheureusement, Aiolia ne put conserver son attitude détendue, alors que le met qu’elle venait d’avaler lui arrachait une grimace.
- Par les couilles du Grand Narval, ils mettent quoi dans leur sauce ici ? Autant servir directement la couenne, si c’est pour préparer un plat aussi lourd !
D’ordinaire, Aiolia n’avait rien contre le fait de s’empiffrer lors d’un grand banquet. Mais ce trop plein d’ingrédients n’était bon qu’à accélérer l’écœurement et diminuer le nombre de mets qu’on pouvait gouter avant de s’effondrer. Encore une coutume de nantis qu’elle n’avait jamais comprise.
Aiolia inspecta la chope qu’on avait posée devant elle dans l’espoir d’y trouver de quoi faire passer le gout qui lui restait en travers de la gorge. L’odeur ne lui évoquait aucune de ses boissons favorites, et elle préférait ne pas tenter une nouvelle expérience. Avec un soupir, Aiolia reposa sa chope et dévisagea ses voisins de table. Elle espérait qu’au moins l’un d’eux soit de bonne compagnie, sinon elle n’avait plus qu’à chercher une autre tablée où elle pourrait faire semblant de s’amuser.
Erwin
54
30/04/2021
Feuille de personnage Âge: 20 ans Métier: Fermier et Berger Couleur: #3366ff
Erwin sursauta lorsque la voix aigue de la dame retentit. Une voix de crécelle qui lui fit tourner la tête de son repérage pour la fixer. Était-elle devenue sénile en quelques minutes? Avait-elle reçue elle aussi un coup sur le crâne qui pourrait être probable vu les propos qu'elle porte a croire.
Le berger serra ses points. S'ils avaient dis ça, ce n'était pourtant pas des calomnies. Tous deux, le marchand et lui, avait été agressé ! Aucune blessures apparentes bien sur, mais son mal de tête n'était pas venu tout seul, ni ces vêtements qui ne sont pas les siens ni cette fête mondaine !
Il la regarde s'égosiller autant qu'il commence à s'agacer, puis une fois qu'elle fut partie, Erwin se tourna vers son ami marchand.
- C'est quoi son problème à elle? Il faut vraiment qu'ils aillent tous dans un hospice !
Le brun se tourna vers l'assemblée qui les fixaient d'un regard appuyé. Ce qui le fit vriller un peu plus, il détestait être au centre de l'attention, parce qu'on lui avait toujours dis de rester fier sans se faire remarquer.
- Si vous n'avez rien à dire, détournez le regard ! On n'est pas de vulgaires bêtes de foire !
Erwin se retourne vers son compagnon d'infortune.
- Tu as plus l'approche de parler aux gens et je n'ai absolument pas ni ta patience ni ton calme ! Je te laisse les approcher !
Alors qu’il écoutait distraitement le charabia que le freluquet lui servait en guise d’excuses, la vigilance infaillible de Cicero attira son attention sur un élément d’une plus haute importance. Le pendard, tout comme lui, avait été amené ici contre son gré, bien que dans son cas l’humiliation ne soit pas aussi importante que pour un homme de la stature de Cicero. Le trouble dans lequel il devait être plongé pouvait expliquer sa conduite inqualifiable, à défaut de l’excuser.
En d’autres circonstances, Cicero aurait pu lui pardonner, mais en cet instant, la longanimité n’était pas de mise. Qu’importe les intentions qui se cachaient derrière, on lui avait infligé bien trop d’affronts aujourd’hui. Il était grand temps de montrer à ces âmes égarées comme aux gredins qui se dissimulaient parmi eux quel Roi il était, et comment par sa prestance et son aura seules, il saurait mettre un terme à cette mascarade qui n’avait que trop duré.
- Si tu es fatigué de jouer les pantins, je peux te guider vers la liberté. Mais ne crois pas qu’il soit plus aisé de marcher dans mon sillage. Tâche de faire preuve de volonté, si tu veux racheter ta maladresse.
Sur ces paroles, Cicero s’élança à travers la foule pleine d’ennemis invisibles, sans même prendre la peine de vérifier si le jeune étourdi le suivait. Le rôle d’un Roi était de veiller sur ses sujets, pas de les trainer comme un boulet lorsque de plus grands desseins l’attendaient.
- Faîtes place, cauteleux conspirateurs et manants indolents ! Gare à vous si vous entravez la marche de Cicero, le seul Seigneur digne de votre adoration !
[Dé de chance utilisé pour savoir si Cicero arrive à avancer sans qu'on l'arrête]
Jouer les pantins ? Le guider vers la liberté ? Endossait-il un rôle ou cet homme à l'aura prestigieuse parlait-il toujours de la sorte. Dans tous les cas, tu ne savais pas si tu devais faire comme si de rien était ou alors, hausser le ton envers cet être. Tu préférais donc laisser échapper un profond soupir en espérant que cela expulserait tes mauvaises pensées. Tu le savais pertinemment... Si tu avais été en possession de ta pierre élémentaire, la fête aurait vraiment été plus qu'électrique. Il osait remettre en doute sa volonté comme si cet énergumène le connaissait depuis toujours. Que la Déesse Ilios puisse le protéger, car il devait avoir bon nombre d'ennemis - et d'une certaine manière, il ne te faisait pas bonne impression pour un début -.
Néanmoins, dans le contexte actuel, il pouvait s'avérer être un élément indispensable. Rien que le fait de le voir avancer sans que l'on tente de l'arrêter, te faisait entrevoir un espoir naissant. Alors quand bien même que cela ne soit pas aisé de marcher dans son sillage - selon ses dires -, tu finissais par le suivre en emboîtant ses pas.
- Jusqu'où comptez-vous aller ? tu lui demandais en appréhendant sa réaction.
Tu regardais autour de toi, à la recherche de quelque chose qui pouvait sortir de l'ordinaire et que potentiellement, tu pourrais en faire part à ton nouveau ''camarade''
Dé de chance afin de savoir si quelque chose sortant de l'ordinaire pourrait attirer son attention. @Cicero
Tu ne peux pas lui en vouloir de penser que tu as déjà goûter à l'alcool avant d'arriver à la fête. En vrai, c'est ce que tu avais espéré en agissant ainsi quelques minutes auparavant. Tu émets un petit rire qui se veut le moins forcé avant de faire des gestes de la main droite en signe de refus.
- Un autre verre ? Oh non, je ne pense pas que je peux en supporter davantage.
Tu mimes alors un petit sursaut dû à un potentiel haut le cœur occasionné par l'alcool. Sachant que pour toi, ce type de boisson ne fait clairement pas partie de tes préférences, tu te demandes si tu arrives à tromper ton vieil homme. Chose qui paraît aisée au vu de sa dernière réplique. Alors oui, tu ne peux réprimer un froncement de sourcil, et un regard emprunt d'une légère surprise. A-t'il un talent pour la comédie cet homme à l'âge déjà avancé... Où est-ce un signe du destin ? Celui de pouvoir reposer cette fameuse interrogation qui te titille tant depuis que tu connais le nom de cette cité. Cela ne fait clairement pas partie de ta façon de faire, mais tu viens poser ''affectueusement'' ta main sur son épaule.
- Je me demandais de quel territoire pouvait appartenir Fasenda. Je me passionne pour la géographie d'Alasya, mais ce nom ne semble apparaître sur aucune carte.
Oui, tu te permets de tenter de nouveau le coup. Encore et encore, jusqu'à ce que tu as ta réponse.
[Dé de chance afin de reposer la même question que plutôt. Fasenda est-elle dans un des territoires connu ? .]
Il te tend la main. Tu hésites; regarde autour. Soupir. Tu n’as pas le choix. Tu veux comprendre ce qu’il se passe. Tu acceptes; prends la main qui t’est offerte. Il te guide vers la piste de danse. Virevoltants. Semblant de noblesse. Tu savais danser. Cela faisait partie de ton éducation. Néanmoins, tu n'aimais être au centre de l’attention; dansait très peu. Une maigre erreur. Tu lui écrases les orteils. Voix basse; tu t’excuses aussitôt. Souffle. Tu te concentres sur votre objectif: la porte. Elle est là, devant vous. Ta main quitte celle dans la sienne; sur son épaule. Inspiration. Mascarade accomplie. Expiration. Vous pénétrez à l’intérieur.
Plateau d’argent. Au plus grand désarroi de son porteur, la plateforme travaillée roule au sol. Ce dernier cours à sa poursuite tandis que le vacarme attire l'œil des plus curieux. Fuir. Vous deviez fuir. Toi. Le jeune homme. Cette femme. Vous ne pouviez vous permettre une seconde entrave. Une porte. Tu la vois. Tu te précipites vers elle. Tente de l’ouvrir. Qui sait ce que tu y trouveras ou l’endroit où elle vous mènera. Quelque chose ne tournait pas rond dans ce festin et tu élucideras ce mystère.
How cold must you be To do the things you do Out of sight?
Le Rite d'Aka Lachuu
Une main aux longs doigts spectraux se glissa dans la sienne, et le garçon produisit un rictus amical avant d'entraîner son partenaire sur le plancher vernis. Il n’hésita pas beaucoup avant de déposer son autre main sur la taille du jeune homme. Dans la mesure où il le dépassait de presque une tête, il était plus pratique pour son cavalier de prendre le rôle de la cavalière.
Le couple dépareillé progressa parmi les autres danseurs, non sans quelques accrocs. Theo grimaça lorsqu’Etzios marcha sur son pied, mais il ne lui en tint pas rigueur. Lui-même n’était pas le plus expérimenté des danseurs, pas dans ce registre là en tous cas. Le garçon des rues aurait été bien plus dans son élément à profiter de l’ivresse de la fête pour danser sur les tables, sans honte ni tourment. Un soupir, mélange d’envie et de regret, lui échappa. Tout était trop étrange ici, il avait l’impression de se trouver en dehors du monde et du temps. Mais contrairement à d’habitude, ce sentiment l’angoissait plus qu’il ne l’exaltait.
La pensée vaporeuse s’envola lorsqu’il se retrouvèrent devant la porte qu’ils avaient cherché à atteindre. Theo relâcha doucement son partenaire, et le suivit discrètement dans le passage ouvert. Ils descendirent les marches dans un silence qui fut rompu avec fracas lorsqu’arrivés en bas ils tombèrent sur deux personnes, dont un homme muni d’un plat de service qui lui échappa dans une cacophonie alarmante.
Theo se figea, ses iris électriques roulant en tous sens, analysant frénétiquement la situation. Face à lui, cette femme inconnue portait le même genre de tenu que tous ceux qui semblaient avoir été invités de force à cette petite sauterie. Sur sa droite, Etzios se jetait sur une nouvelle porte, probablement à la recherche d’une échappatoire. Les mets répandus au sol et le désarroi du petit commis concentraient pour l’instant le gros de l’attention, mais d’ici quelques secondes elle se reporterait sur eux et sur leur présence prohibée en ces lieux.
Sans réfléchir davantage, le voleur attrapa le poignet de l’étrangère, et l’attira avec lui à la suite d’Etzios.
Le réveil fut bien plus doux que l'endormissement. Ses yeux se posent sur un plafond qu'elle ne connaît pas. Elle se redresse, dans une chambre qu'elle ne connaît pas non plus, dans un lieu sûrement inconnu. Elle a l'impression d'encore sentir ce coup qu'elle a reçu à l'arrière du crâne. Elle se redresse en douceur, tâchant au mieux d'éviter le vertige. Sensation étrange, sur ses jambes de l'air. Elle baisse les yeux sur une robe bleue, somptueuse. Une robe. N'était-elle pas en armure il y a encore quelques instants et son épée. Elle retourne le matelas, vide les armoires. Ses traits se tirent légèrement alors que sa bouche forme une grimace. De tout ce qu'on pouvait lui prendre, personne ne partirait avec Galatéa. Encore faudrait-il qu'elle apprennent plus sur ce lieu inconnu et ses occupants.
Elle quitte la pièce toujours vêtue de la robe mais sans les chaussures, trop inconfortables elle préfère rester sans et profiter de la fraîcheur des sols. Arrivée dans ce qui semble être une grande salle de réception, elle refuse le verre qu'on vient lui proposer. Elle aimerait juste comprendre. Et retrouver son arme. Elle s'adresse donc à ce domestique sans détour.
Qui avait osé, qui avait osé ne serait-ce que poser un doigt sur elle. Ah quelle misère, quelle colère de se voir ainsi souillée sans pouvoir rien y faire. Réveillée dans une chambre inconnu, elle a commencé par s'inspecter et soulagement on ne l'avait pas d'avantage malmenée. Si elle avait débarqué dans la salle de réception en exigeant de parler au maître des lieux, bien vite elle fût séduite par le vin et les atours luxueux qui l'entourent de toute part. Maintenant assise à une table avec un verre de vin, elle parle avec un groupe de personne qu'elle ne connaît guère mais qui sans doute pourraient se révéler être d'intéressants clients.
Et finalement au fil des verres l'ivresse se fait sentir et la conversation dérive vers de bien loufoques contrées où plaisanteries vaseuses et allusions tendancieuses sont légion. La dame s'esclaffe de telles boutades et porte une de ses mains à ses lippes tandis que l'autre vient saisir le pan de l'une des robes dont sont vêtues les domestiques.
"Et moi, je suis bien curieuse de savoir quel genre de sous-vêtements vous portez dans le nord."
D'un geste vif, elle tente de lever la robe avant que la servante n'ai le temps de réagir pour observer ses dessous sans une once de remord ou de culpabilité. Porter atteinte à la pudeur des autres n'avait jamais été quelque chose de dérangeant après tout.
Dé de chance pour savoir si Jiin peut observer les dessous de la domestique.
"Après tout ...", le genre de phrase que Maëv avait hâte d'entendre la suite, mais elle semblait prohibée puisque ce ... salopard de commis mit fin à ce qui aurait pu être une révélation importante. Elle l'aurait noyé si elle avait eu sa pierre avec elle. Il était inutile d'insister, les mots qui s'étaient échappés de la bouche du pâtissier n'étaient dû qu'à sa maladresse, ou alors une étourderie, peut-être un malentendu. La mage avait l'impression qu'il valait mieux ne pas se faire remarquer, alors profil bas elle fit et elle se contenta de suivre le garçon qui l'emmerdait sévèrement. Au moins, ça voulait bien dire qu'il y avait plus à cette histoire qu'une affaires de fêtards ivres au point de kidnapper des inconnus à ramener à leur sauterie.
Au pas de l'escalier, des bruits retentirent alors qu'une satisfaction immense envahit l'esclave affranchie, ses yeux se délectant de la chute de l'emmerdeur de service. Un sourire plat, malsain traverse ses lèvres avant qu'elle remarque la cohue qu'a entraînée cette maladresse. Levant les yeux, elle se retrouva nez à nez avec deux personnes singulièrement ... "hors-sujet", un peu comme elle. Avant qu'elle n'ait même le temps de soupirer, la mage se laissa traîner par le poignet par l'inconnu ... bien que le geste soit fortement très peu à propos, elle n'eut pas vraiment le temps de s'y opposer.
- Hé !
Ce fut la seule forme de contestation possible, mais lorsqu'elle vit qu'ils se redirigeaient eux aussi vers la porte qu'elle avait attrapé du coin de l'oeil, elle se calma immédiatement, retrouvant son ton habituel et tentant de suivre le mouvement.
Le regard logé dans la foule, inquisiteur de ce visage qu’il voulait à présent retrouver et dévorer, Helzerad écoutait d’une oreille peu attentive les excuses pitoyables des inséparables. Le mercenaire n’était pas connu pour sa grande tendresse et sa merveilleuse compréhension. Même avec sa palpable civilité, cela n’en faisait pas un noble homme. Les nombreux sujets de discussion semblaient nombreux au sein de son camp : ancien barbare, orphelin rebelle, mercenaire sans coeur, cruel et sans une once d’humanité, violeur, on soupçonnait aussi.... Dépeint avec beaucoup de vérité, ou peut-être par manque de connaissance. L’impression transpirée dans ses actions montrait aussi bien fausseté que vérité.
« Est-ce que j’ai l’air de lâcher une larme ? Quel genre de connard s’effondrerait pour une bachelette. »
J’suis pas sa mère pour en avoir quelque chose à carrer de ses histoires d’amour.
Sa voix grondante se tourna vers les deux poivrots. D’un tour d'œil lassé, au moins avait-il connaissance de la situation et son nom. L’humeur n’était plus à boire. Réellement, il savait qu’il ne retirait rien de ces deux-là, et s’apprêtait à partir, conquérir la salle entière s’il le fallait. L’exclamation d’un de deux compères le fait orienter sa tête vers la nouvelle apparition.
L’impression donnée n’avait rien avoir avec tous les blanc-becs de la salle (du moins, une grande partie), qui se promenaient comme des jeunes vierges, insultées à chaque coin de table. La nouvelle curiosité ralentit Helzerad dans son action à partir.
« Ha ! Bien dit ! Dans la bouche de Hurag, à tous ces gitons qui ont trop têté leur mère, s’exprima le mercenaire en riant, surpris. »
Spoiler:
NOTE : Dans la bouche de Hurag est un synonyme semblable à notre fameux “Au diable” ou à “Va en enfer”. Hurag, chez les Yôdsaktis, était connu comme l’engloutisseur, c’était une légende parmi les Yödsaktis et pour insulter ou maudire quelqu’un on prononçait cette expression. Hurag était très sûrement un ancien Yôdsaktis, qui était connu pour avoir éliminé beaucoup de tribus (et de personnes en général), c’est sans doute l’un des seuls clans qui a survécu assez longtemps. Avant de mourir, il a fait un carnage à lui tout seul, et apparemment, il a emporté la tête du chef qui l’a combattu, et l’a sûrement dévoré. On dit que tout ce qui est maudit par Hurag finira par vivre la même histoire et être dévoré ou tout simplement mourir dans d'atroces souffrances.
Un voile de mystère ; des notes perdues dans un lieu inconnu. @Erwin
Le Rite
Il comprenait. De telles accusations étaient tout à fait improbables, surtout quand la personne écoutant ces imputations était une noble influente, et sûrement importante ; le fait même de penser avoir joué un rôle majeur dans une telle machination était insoutenable - entacher sa pureté, entacher son héritage, il n’y avait rien de pire pour une Haute-Dame. Charmant et calme, Asuldan n'émit aucune autre plainte et écoutait la voix scandalisée de cette dernière.
S’il en était autrement, il aurait sans nul doute passé une agréable soirée en sa présence, à écouter les histoires de sa vie, à boire les fins mets servis, et délivrés pour leur plaisir - pour le plaisir de tous les invités. En quelques courts instants, la bonne volonté de la Dame à leur parler avait disparu et la voilà qui se réfugiait outrée dans la masse de gens heureux.
« Ce n’est pas de sa faute, Erwin, annonçait-il d’une voix douce. Reconnaissant l’effort mis dans cette fête, sa volonté à lui donner de son meilleur, il lui serait difficile de croire à de telles pensées ; surtout venant d'inconnus. Suivant cette pensée, cela voudrait dire qu’indirectement, elle serait complice. Il est alors tout à fait compréhensible de réfuter dans ce cas-là. »
Agréablement avenant avec son ami, il passa une main sur son épaule et, peut-être avec ce mouvement considéré, l’amenerait-il à se détendre en sa présence.
« Cherchons nos réponses ailleurs. Je sais qu’il y a la présence d’une certaine personne, qui pourra peut-être nous aider. »
Malgré le dialogue réconfortant, Asuldan ne semblait aucunement enjoué par ses propres mots. Un souffle navré traversa ses lèvres.
Habillée dans une robe si somptueuse. Dommage qu'elle ne vienne pas du grand Empire. Mais elle est forcée de constater dans le miroir que ces vêtements d'apparat lui vont bien. Trop bien. Quelque chose d'étrange était à l'oeuvre. Que quelqu'un puisse la prendre ainsi par surprise lui semble bien trop gros. Alors elle quitte sa chambre pour se retrouver finalement dans une salle immense. Masse des corps grondante et dansante, elle la domine et s'avance attrapant sur un plateau égaré une coupe de liquide odorant qu'elle hume avant de le tendre à une tierce personne prétextant ne pas reconnaître sa saveur. Surtout elle s'assure de ne pas se faire droguer ou empoisonner. Une fois certaine que sa coupe n'était guère viciée, elle s'approche et tique légèrement. Elle ne connait pas la langue. Elle se retourne vivement pour attraper par le bras celle qu'elle vient de laisser partir. Un sourire plaqué sur son visage, elle la découpe du bleu de ses yeux, tout semble pourtant normal. Si ce n'est son arrivée inexpliqué dans cet endroit. Tout le monde semble simplement profiter de la fête.
"Dîtes moi, vous qui semblez me comprendre sans mal. Annoncez-moi comment sortir d'ici."
La princesse se réveille dans des draps différents de ceux qu’elle avait rejoint la veille. Quelques secondes de réflexion lui sont nécessaires afin de se remémorer sa situation et son combat d’hier soir. Sa première pensée se compose d’une paranoïa naissante : quelqu’un a découvert son identité. Elle ne prend pas le temps de contempler sa nouvelle tenue, son instinct de survie lui ordonne de fuir. Ce qu’elle fait.
Une porte déverrouillée.
Laisser une porte déverrouillée après un enlèvement ? Ça n'a pas de sens.
Après les évènements de la veille, elle s’attendait à quelque chose d’un peu plus terrifiant. À quoi bon se débattre contre un assaillant tentant de lui couvrir la tête avec un sac - et perdre, bien que ce soit l’une des premières fois qu’elle rencontre la défaite - si c’est pour pouvoir s’échapper juste après ?
C’est illogique.
Elle pousse la porte du bout du doigt et ne s’alarme pas à l’écoute de quelques sonorités harmonieuses ; elle descend les marches une à une et, une fois dans le hall, se contente de longer les murs. Elle observe, écoute les conversations, tente de trouver la raison de ce rassemblement douteux.
Elle hurle en désignant la robe parée de perles et de fioritures. Les sourcils froncés, les lèvres retroussées, elle se tient dans l'entrée de la salle après la plus longue des siestes de la terre. Du moins la plus longue des siestes après s'être prit un coup sur la tête.
"SON OU MES VÊTEMENTS BANDE DE FILS DE PHACOCHERES !?
La mine rageuse, elle attrape l'un des verres qui passe sur un plateau et le vide d'un coup. L'alcool lui brûle gentiment la gorge et elle repose le contenant vide de là où il venait, manquant de déséquilibrer le pauvre bougre qui passait par là.
"BON ! Je vois que personne a l'air de savoir. Comme je suis sympa, je vais m'amuser un peu et après on reprend les questions. Si je suis pas trop bourrée."
Elle s'avance dans la salle en soulevant les pans de sa robe, trop encombrante à son goût et attrape un nouveau verre dans la décontraction la plus totale. Oh et y'a de la bouffe aussi. Comme c'est trop bien. Finalement elle pose son séant sur l'un des siège et rejette sa chevelure carmine en arrière façon diva. Peut-être que ce soir elle allait faire semblant d'avoir beaucoup de fric.
Elle était en train de pratiquer avec sa pierre quand soudain le noir totale. Et elle se réveille là dans cet endroit inconnu sans savoir quoi que ce soit de ce qui s'y passe. Vêtue d'une belle robe, elle ne peut s'empêcher de s'admirer. Comme d'habitude, elle rayonne. Il faudrait être fou pour ne pas la regarder. Un dernier regard pour elle même, elle quitte la pièce et se rend dans la grande salle. Elle trouvera bien quelqu'un qui peut lui indiquer ce qui se passe ici.
Grâcieuse, elle se déplace parmi la masse des festoyant sans leur laisser l'insigne honneur de pouvoir ne serait-ce que la frôler. Ils ne regarderont qu'avec leurs yeux ébahis. Car on ne le sait que trop bien, la bave du crapaud, n'atteint pas la blanche colombe. Blanche colombe qui se glisse sans gêne près de deux inconnus qui semblent encore lucides. En effet ses oreilles ont su capter les dernières bribes de leur conversation. Elle se glisse au côté du plus grand dont le parfum est des plus agréables.
"Je ne serait pas contre un peu d'aide moi non plus. Car j'ai tout autant de mal à saisir ce que nous faisons ici."